La Fondation Lucien Paye présente l’exposition « JEMONDE, LES SAVEURS DE L’ALTERITÉ » de Maud Louvrier Clerc du 6 septembre au 4 octobre 2024. Face à la montée des extrémismes et du racisme, le vivre ensemble est aujourd'hui un plat de résistance. L’artiste nous propose comme chemin de traverse la gastronomie pour mieux comprendre notre relation à l’autre.
En philosophie, l’altérité désigne la reconnaissance de l'autre dans sa différence, qu'elle soit ethnique, sociale, culturelle ou religieuse. En cuisine, 5 saveurs apportent à un plat un autre goût : l’acide, l’amer, le sucré, le salé et l’umami. Quand les chefs étoilés conçoivent de l’association de ces dernières de merveilleuses assiettes pour le plus grand plaisir des papilles ; les pacifistes, eux, tels les fondateurs de la Cité internationale universitaire de Paris, cherchent à faire dialoguer les différents peuples pour consolider la paix.
Face à une cacophonie parfois assourdissante, la performance collective « On ne s’entend plus » souligne l’importance de savoir prendre sa place, toute sa place et rien que sa place.
Reconnaître notre identité personnelle semble être le 1er ingrédient. L’identité est le point de départ de l’exploration poétique et citoyenne de l’anthropocène JEMONDE qui donne naissance à des « Portraits d’Âme » que le public est convié à lire. Cette lecture favorise l’empathie, cette faculté à se mettre à la place d’autrui, à percevoir ce qu’il ressent, un préalable à la paix selon l’artiste.
Connaître notre histoire collective devient le 2ème ingrédient. Celle-ci explique par exemple pourquoi la Fondation Lucien Paye s’appelait naguère la Maison de la France d’Outre-Mer, rebaptisée en 1972 après l’indépendance des anciennes colonies. La France est un empire colonial de 10 millions de km2 en 1754. C’est l’époque des « Jardins à la française » que l’artiste convoque ici avec un service en porcelaine éponyme présentée au sein de l’installation « Relation vanille ». Les archéobotanistes ont prouvé que les échanges d’épices, poivre, cannelle etc, relient les civilisations les unes aux autres depuis l’Antiquité. Donnant lieu à de grandes expéditions, elles sont un terreau fertile de rapprochement.
Le troisième ingrédient émerge ainsi : explorer notre sensorialité pour rejoindre l’autre. La sculpture « L’omionde » évoque comment le monde peut se concevoir comme des couches multiples de perceptions et expériences individuelles formant un grand tout. S’approcher du cœur des hommes est donc le voyage. La sculpture « Une voie vers toi » nous entraine à visualiser un mouvement qui convoque l’infinité des chemins d’accès à l’autre.
Design - Jardin à la française